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lundi 12 janvier 2015

Je reste Charlie

Crédit : Jack Koch
Bonjour à tous,

Comme il est plus d'1h30 du matin, je pense que vous me lirez alors que ce sera un nouveau jour pour vous.

J'ai de la chance. Je suis en vacances au ski pour la semaine mais puisque nous sommes connectés au monde, on continue à suivre l’info, même si c’est de loin, parce que "Nous sommes Charlie".

Il y a beaucoup de choses qui tournent dans ma tête depuis le 7 janvier. Je ne sais pas si je peux/dois les exprimer, les partager… J'ai rédigé un premier billet le 8 janvier sur le sujet parce que ça me pesais. J'ai lu différents textes sur Facebook et sur les blogs des copinautes. Et puis, j'ai lu ce texte d’Axel Belliard sur Facebook.

A l’origine, je voulais juste le partager moi aussi avec un petit commentaire d’introduction. Finalement, j’ai décidé d'écrire un billet sur mon blog parce que c’est mon espace de liberté d’opinion et d’expression et que "Je suis Charlie" pour cette raison.

Alors voilà mes pensées en vrac...

Non, je ne lisais pas Charlie Hebdo, pas plus que je ne lis d’autres journaux.

Oui, j'ai été choquée par la mort de Cabu principalement parce qu'il a bercé mon enfance.

Mais, j'ai aussi été choquée par la violence de l'acte contre Charlie Hebdo et ce que ce journal représente, par les actes gratuits à Montrouge, Fontenay et Vincennes.

Quand je dis "Je suis Charlie", je revendique ma liberté d'opinion et d'expression.

La ville de Paris a élevé Charlie Hebdo au rang de citoyen d'honneur. Mais en 2011 quand le siège social de ce même journal a été incendié, qu'a fait la ville de Paris ? Une promesse de trouver des locaux. Mais le 7 janvier 2015, Charlie Hebdo partageait toujours les locaux de Libération qui les avait accueillis suite à l'attentat de novembre 2011.

Non, je ne donnerai pas le prénom de Charlie à mon enfant, mon chien, mon chat ou tout être vivant dont je pourrais avoir la responsabilité parce que je ne voudrais pas qu'il soit associé à l'acte de barbarie qui est la cause de cette mode. Attention, je ne dis pas que mon enfant (si j'en avais un) devrait être protégé de ce qui vient de se passer. De toute manière, ce serait impossible. Mais porter le prénom d'une victime, même si c'est un hommage aux yeux de ceux qui l'ont choisi, c'est un fardeau pour celui/celle qui va le porter toute sa vie... Quant à l'animal, il est tellement innocent, tellement à 1000 lieues de ces évènements que je ne vois pas pourquoi l'y associer. J'ai deux chats et trois aquariums et franchement, ils se sont bien moqués des heures que j'ai pu passées devant les infos à essayer de comprendre pourquoi, des bougies que j'ai pu allumer et de tout autres actes que j'ai pu faire depuis le 7 janvier. Ils sont même en train de jouer comme des fous alors que je rédige ce billet.

Non, je ne dirais pas, comme tant d'autres, "Je suis Française" suite aux récents évènements, suite à la marche républicaine de ce dimanche parce qu'il n'y a pas que la France qui s'est unie pour marcher, il y a plein de pays qui se sont sentis concernés par l'attaque que Charlie Hebdo a subit, que la France a subit et qui ont également manifesté : Brésil, Allemagne, Etats-Unis, Tunisie, Maroc, etc.

Non, je n'associerais pas les paroles revanchardes de La Marseillaise au slogan "Je suis Charlie". Je ne demande pas vengeance, je demande justice. Mais la vraie justice, pas celle qui défend le plus riche, le plus puissant, le plus protégé.

Aux paroles de La Marseillaise, je préfère celles-ci trouvées ici :
« Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?
Ami, entends-tu les cris sourds de Charlie qu’on enchaîne ?
Ohé, partisans, ouvriers et paysans, c’est l’alarme.
Ce soir la terreur n’aura plus, ni notre sang ni nos larmes.

Affûtez vos mines, descendez des collines, camarades !
Sortez de la paille les crayons, la satire, la rigolade.
Ohé, dessinateurs au feutre et au stylo, croquez vite !
Ohé, chroniqueurs, vos écrits seront nos dynamites.

L’Hebdo a brisé les barreaux des prisons pour nos frères.
La haine à ses trousses et la soif de liberté à la lèvre.
C’était un pays où les gens au creux des lits faisaient des rèves.
Maintenant, vois-tu, c’est la haine qui nous tue, et nous crève…

Ici chacun sait ce qu’il veut, ce qu’il fait quand il passe.
Ami, si tu tombes un ami sort de l’ombre à ta place.
Demain l’encre noire sèchera au soleil sur les routes.
Chantez, compagnons, dans la nuit la Liberté nous écoute…

Ami, entends-tu ces cris sourds quand Charlie se déchaîne ?
Ami, entends-tu leurs grands rires sous la terre de nos plaines ? »

Oui, je suis impressionnée par l'élan de solidarité qui s'est soulevé dans notre pays suite à ces récents évènements. Mais je déplore qu'il ait fallu 12, 13, 17 morts pour en arriver là. Et je me demande combien de temps ce bel élan va-t-il durer ? Sommes-nous de nouveau une nation ou juste un pays uni dans la douleur parce que "ça fait bien" ? Combien y-a-t-il de gens qui profitent déjà de l'évènement, qui tire la couverture à eux ? Ce matin, nous avons vu dans une boutique une casquette marquée : Je suis Charlie. Et je ne parle pas de tous ceux qui en profite pour faire parler d'eux, pour "redorer leur blason".

Vous applaudissez les forces de l'ordre pour leurs actes de bravoure de ces derniers jours. Mais qu'il arrive un problème quelconque dans lequel l'un de leurs membres sera en cause et vous cracherez dessus de nouveau, comme cela a été le cas de nombreuses fois. Le commentaire qui accompagne la vidéo du GIPN sur Facebook m'a fait sourire, un peu jaune : "Trop beau, c'est vrai on est gêné, déstabilisé un peu par vos applaudissements. On a pas trop l'habitude. Excusez nous." Ils se font huer, insulter, agresser tellement plus souvent que remercier.

Oui, je remercie, moi aussi, les forces de l'ordre pour leur efficacité, leur dévouement et les risques qu'ils ont pris, le tribu qu'ils ont malheureusement payé. Mais c'est malheureusement leur boulot : pas de mourir, mais de protéger le pays avec les risques que cela comporte.

Oui, je m'associe, moi aussi, à la douleur de toutes celles et tous ceux qui ont perdu un proche ou plus au cours de ces évènements.

Oui, je suis soulagée que les présumés coupables soient hors d'état de nuire à l'avenir.

Mais non, je ne me réjouie pas. Il reste trop de questions pour se réjouir, oublier et passer à autre chose : Pourquoi l’attaque de Charlie Hebdo ? Pourquoi le joggeur de Fontenay ? Pourquoi l'attaque de Montrouge ? Pourquoi l'hyper casher ? Pourquoi ces 4 victimes, 4 hommes, 4 juifs alors qu'il y avait d'autres otages dont des femmes et des enfants ? Et surtout, quelles vont être les conséquences de tout ça ? Que nous réserve l'avenir ?

Oui, je suis partie en vacances malgré tout et je ne suis pas allée marcher. Oui, je publie des photos de mon séjour et de mes chats sur ma page Facebook mais je n'en suis pas moins toujours Charlie. Je reste Charlie. C'est aussi pour ça que je tiens ce blog, pour pouvoir parler de choses "futiles" et de choses "graves".

La vie continue... différemment.

A très vite,
Nelly

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